8 rue Andr�-Pontier (Nogent-sur-Marne - Val-de-Marne)
Pour ceux qui auraient aim� notre premi�re excursion � Nogent-sur-Marne, pourquoi pas y retourner une seconde fois ? Car Georges Nachbaur et ses fils n�ont pas �t� les seuls architectes int�ressants de cette �tonnante ville, qui m�riterait d��tre consid�r�e comme un v�ritable foyer d�Art Nouveau. En tout cas, elle ne cessera pas de r�v�ler des tr�sors � ceux qui voudraient bien passer un peu de temps � musarder dans ses rues.
G. Damotte fut � l��poque un concurrent s�rieux des Nachbaur, m�me s�il ne se montra pas aussi virtuose dans l�agencement des volumes, ni audacieux dans l�utilisation de la couleur. Mais sa maison personnelle, construite en 1902 � l�angle de la rue des H�ros-Nogentais, n�en est pas moins une construction originale.
Elle nous rappelle que l�Art Nouveau est n� � Paris sous forme de petites maisons en meuli�re, et qu�il doit beaucoup au pittoresque naturel de cette architecture vernaculaire. Dans ses grandes lignes, la maison de Damotte se pr�sente v�ritablement comme une villa de banlieue, avec ses pierres noy�es dans le mortier imitant la meuli�re. Sur sa fa�ade secondaire, elle propose m�me une petite loggia en briques, avec un petite d�coration en c�ramique bleue, telle qu�on en trouve, par centaines, dans tout le bassin parisien.
Mais Damotte avait plus d�un tour dans son sac. D�abord, en ornant tout le haut des murs, juste sous le toit, avec un �pais semis de feuilles en stuc. Puis en pla�ant de jolis vitraux abstraits sur les fen�tres de la chambre principale du premier �tage. Mais son morceau de bravoure, comme chez beaucoup de ses confr�res, reste la composition de la porte d�entr�e, d�un dessin ing�nieux et compliqu�, m�lant la brique, la pierre et la ferronnerie avec beaucoup d�invention. Cette porte constitue, en fait, l�acc�s � un petit porche qui, gr�ce � une vol�e de marches, conduit � la porte v�ritable de la maison. Mais, par ses jeux compliqu�s d�arcs et de rambarde sculpt�e, elle donne une ambition totalement insolite � une habitation qui, sans elle, n�aurait �t� qu�une maison de banlieue comme une autre. Son allure faussement palatiale, tr�s ostentatoire et d�un chic un peu tape-�-l��il, apporte tout � coup � l��difice une originalit� � c�t� de laquelle il aurait pu facilement passer. On retrouve la virtuosit� du travail de ferronnerie sur la rampe du charmant petit escalier, travail � la fois tr�s simple et d�une inventivit� tr�s divertissante.
Damotte construisit �galement une salle de bal mauresque, pr�s de la Marne, et il est aussi l�auteur d�une charmante villa, au 41, rue de Joinville, � Fontenay-sous-Bois (1909). Cette derni�re construction, malgr� ses carreaux de fa�ence et son petit air de castelet n�o-gothique, ne peut en rien rivaliser avec le caract�re tr�s surprenant de la maison de la rue Andr�-Pontier. Celle-ci semble donc bien avoir �t� le chef-d��uvre de son auteur. Mais on ne s�en �tonnera gu�re, les architectes s��tant toujours sentis beaucoup plus libres dans leur cr�ation lorsqu�ils agissaient pour eux-m�mes, sans aucune contrainte impos�e par un commanditaire. Ils n��taient alors retenus que par des imp�ratifs financiers, dans le cadre duquel ils pouvaient se laisser aller � toute leur fantaisie.