1 rue Danton (6e arrondissement)


Pour installer ses bureaux parisiens, l�ing�nieur Fran�ois Hennebique, inventeur d�un syst�me de b�ton arm� qui commen�ait � �tre utilis� avec un succ�s constamment croissant pendant la p�riode qui nous int�resse, fit appel � l�architecte Emile Arnaud pour lui dessiner un vaste immeuble dans une rue du Quartier Latin, ouvrant � la droite de la fontaine Saint-Michel.
Beaucoup moins d�monstratif que la Maison Hennebique de Bourg-la-Reine, rest�e bien plus �trange que c�l�bre avec sa curieuse tour orn�e de dragons, l�immeuble de la rue Danton n�est pas moins int�ressant, puisqu�il fut enti�rement r�alis� en ciment, jusqu�� ses faux moellons imitant la pierre de taille. Hennebique voulait ainsi prouver qu�avec son nouveau proc�d�, il �tait possible de tout r�aliser, jusqu�� donner l�illusion de mat�riaux co�teux, que le b�ton pouvait tr�s �conomiquement remplacer.











Ainsi, Arnaud fut-il charg� de dessiner un �difice cossu, de style apparemment tr�s �clectique et aux saillies fortement marqu�es. De quoi impressionner la client�le, tout en la rassurant sur les possibilit�s �classiques� du nouveau mat�riau ! Car il ne faudrait pas s�y tromper : tous les �l�ments principaux du d�cor, comme les colonnettes, les corbeaux ou les impostes, �taient moul�s en m�me temps que les �l�ments qui �taient charg�s d�en constituer le support.

Les ornements en gr�s flamm�s furent les seuls ajouts � cette structure unique - et unifi�e -, constituant les rares touches de couleur d�une fa�ade extraordinairement blanche. Mais, n��tant pas produits par la maison Hennebique, leur pr�sence est rest�e modeste. Ils se limitent � des t�tes de faunes, �mergeant de rinceaux v�g�taux, ou � des panneaux tr�s classicisants portant les initiales �S F� - pour �Syst�me Hennebique�, tous d�une couleur verte uniforme. Heureusement, d�autres panneaux en hauteur, aux teintes plus vari�es, apportent une note plus ouvertement Art Nouveau : des femmes ail�es aux seins nus, de profil, encadrent le nom de �Hennebique�, le mot �syst�me� �tant plac� au-dessus de leurs mains lev�es. Des fleurs tr�s stylis�es servent � orner les interstices.
Si l�immeuble adjacent du n�3, d� � l�architecte P�ronne, fut prim� au Concours de Fa�ades de la ville de Paris pour l�ann�e1900, ce fut en m�me temps qu�un autre �difice de Arnaud, 16, rue Octave-Feuillet, dans le XVIe arrondissement. L�immeuble Hennebique, dont la demande de permis de construire fut publi�e le 9 septembre 1899, avait-il �t� pr�sent� � ce m�me concours ? Cela ne serait pas impossible, tant une r�compense aurait assur� une publicit� gratuite � l��difice, et donc � l�entreprise de travaux publics qui en �tait commanditaire. Mais on comprend ais�ment que le jury se soit refus� � distinguer, la m�me ann�e, deux �difices construits dans la m�me rue, pr�f�rant primer une construction diff�rente d�Arnaud, pourtant bien moins originale. N�anmoins, une carte postale et diverses publicit�s publi�es dans les revues artistiques de l'�poque, font clairement �tat du succ�s de l'immeuble au concours ; la maison Hennebique chercha ainsi � attirer � elle le b�n�fice de la prime obtenue par l'architecte pour une autre des ses constructions.