53 rue Gutemberg (15e arrondissement)


Il arrive parfois qu�un immeuble modeste offre une v�ritable occasion d��tonnement. Car, heureusement, l�invention n�est pas r�serv�e aux constructions de prestige, et les quartiers bourgeois n�ont pas �t� les seuls � proposer des �l�ments de modernit�. L�immeuble construit par l�architecte D�chelette � un angle de la rue Gutemberg en est une d�monstration exemplaire.

Il a �t� construit pour M. Lange, qui en fit publier la demande de permis de construire, le 26 mars 1904, � l�adresse du 64 rue Alphonse, correspondant � l�actuelle rue S�bastien-Mercier. L��difice, enti�rement con�u en briques, avec l�ajout de tr�s discrets �l�ments en fa�ence - parmi lesquels figure la signature de l�architecte - et de parties m�talliques pour certaines purement d�coratives, �tait visiblement destin� � des locataires aux moyens modestes.

L�ensemble pourrait appara�tre bien banal si les deux tons de briques - beige et orang� - n�avaient permis, sur les deux fa�ades, de composer des dessins totalement gratuits, destin�s � animer de grands murs autrement condamn�s � rester tristement nus. L�effet n�appara�t pas imm�diatement au regard, tant nous sommes habitu�s � l�usage de cette polychromie � des fins esth�tiques. Mais ici, les motifs paraissent presque improvis�s, assez l�gers et libres sur la rue Gutemberg, plus denses et compliqu�s sur la rue S�bastien-Mercier. A c�t� d�une superposition �trange de vases, l�architecte a d�velopp� de grandes lignes parfaitement Art Nouveau, usant de cette fameuse tige que beaucoup d�initiateurs du mouvement pr�f�r�rent, d�embl�e, � la fleur proprement dite.
Le r�sultat, tout en restant d�une grande simplicit�, avec une belle �conomie de moyens (suivant la formule consacr�e), appara�t tr�s r�ussi, d�une sobre efficacit�. Ne trouvez-vous pas ?