Petit village c�tier du Pays Basque, Biarritz s�est �videmment d�velopp�, et tr�s soudainement, � partir des s�jours qu�y fit l�imp�ratrice Eug�nie. Mais une fois pass�e la p�riode du Second Empire, la ville n�en retomba pas pour autant dans l�oubli : le go�t des bains de mer �tant lanc�, favoris� par l�arriv�e du chemin de fer... la c�te basque resta � la mode, m�me si d�autres rivages lui vol�rent bien souvent la vedette, comme la c�te normande ou, surtout, la c�te d�Azur.
Il n�est donc pas �tonnant de constater que s'y d�veloppa, autour de 1900, une construction moderne et originale. Certes, l�architecture traditionnelle basque, avec ses toitures dissym�triques, ses d�corations et ses balcons en bois, gardait alors une tr�s grande faveur. Mais quelques riches vacanciers n�h�sit�rent pas � investir dans un peu d�audaces, avec l�aide d�architectes locaux ou parfois parisiens.
Parmi les premiers, H. T�tard semble avoir �t� fort actif � cette �poque-l�. Mais, si la majorit� de ses �difices connus sacrifient � un style �n�o-basque� sans surprise, il s�autorisa au moins une fois une sorte de folie pittoresque, d�une d�routante diversit�.
La villa �Les Chardons� n�est pas construite face � la mer, mais sur une de ces jolies avenues permettant d�y acc�der. Elle se signale, d�abord, par ses dimensions imposantes - tr�s caract�ristiques de l�architecture locale, o� les maisons ont rarement des proportions modestes - et par une vari�t� de motifs d�coratifs qui lui donnent l�aspect d�une sorte de �floril�ge�, m�prisant toute intention d�unit�.
Elle se d�veloppe sur trois rues, �tant situ�e � l�angle de la rue et du passage des Thermes. Cette position permet ainsi de m�nager de nombreux effets visuels.
La fa�ade principale s�organise comme une petite cour, avec une trav�e centrale encadr�e par deux massifs en avanc�e. Sa relative sym�trie est perturb�e par quelques encorbellements et des balcons suspendus, o� le bois fait une apparition singuli�re et perturbante. L�architecte a particuli�rement insist� sur la pr�sence de ferronneries, mais aussi sur les arcs d�corant les dessus de fen�tres, par�s de ces jolies fleurs de chardon qui donnent leur nom � la maison. Les grandes baies du second �tage, pour leur part, s�ornent de motifs en vague parfaitement Modern Style, dans un style peu nerveux qui leur conf�rent un petit caract�re m�diterran�en ou qui les rapprochent de la �nouille� parisienne.
La fa�ade lat�rale - et d�une certaine fa�on aussi, la fa�ade arri�re - a �t� trait�e d�une fa�on tr�s diff�rente, m�me si on y retrouve ces chardons qui donnent leur unit� d�corative � l��difice tout entier. L�, T�tard a opt� pour des �l�ments plus massifs et presque rectilignes, soulignant d�une fa�on plus nerveuse les lignes de la construction. Ainsi, un imposant balcon en bois, soutenu par un pilier puissant, s�allie aux conduits de chemin�e pour donner � cette partie un caract�re faussement d�fensif.
Il ne serait pas impossible qu�il ait ici subi l�influence de la villa Oceana, construite par Henri Sauvage et Charles Sarazin sur l�avenue de l�Imp�ratrice, et dont la perte - en 1975 ! - n�est malheureusement compens�e par aucune autre construction contemporaine � Biarritz. Ce chef-d��uvre aust�re, qui avait agr�ablement su m�ler les gr�ces d�une villa baln�aire avec l��tonnante s�v�rit� d�un imposant massif � peine perc� de quelques ouvertures, avait effectivement beaucoup compt� sur le nombre et le d�veloppement de ses balcons en bois. Il ne fait presque aucun doute que l��tonnante �uvre des deux parisiens a eu des �chos sur la cr�ation des architectes locaux, dont la villa �Les Chardons� t�moigne de fa�on presque ouverte.
